Nouvelle mobilité, nouvelles ambiances sonores ?

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Voici l’article numéro 5 sur 17 qui a été publié dans le magazine « Actu Environnement« 

Chaque lundi, un nouveau numéro du magazine sera diffusé sur le site internet de CINOV Languedoc Roussillon.

Les différents articles vous permettront de mieux comprendre le travail des acousticiens.

Si vous avez des questions ou si vous souhaitez avoir des informations concernant l’acoustique d’un de vos bâtiments n’hésitez pas à contacter les membres de CINOV GIAC de notre région Languedoc Roussillon, ils sont à votre disposition.

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Si vous le souhaitez vous pouvez lire ou relire l’article numéro 4

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La lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l’air est sans doute la raison principale du choix des citoyens pour les véhicules électriques. La France était en tête de tous les pays d’Europe en 2016 avec plus de 27.000 nouvelles immatriculations. Par la suppression de la propulsion thermique, les véhicules électriques présentent des émissions sonores inférieures à celles des véhicules essence ou diesel pour certaines gammes de vitesses et il est intéressant de se poser la question de l’impact de cette évolution sur l’environnement sonore de nos villes.

Avant tout, notons que la mathématique du déciBel (dB) est telle que l’évolution du bruit de nos villes n’est pas simplement proportionnelle à l’évolution du nombre de véhicules. Par exemple, en supposant une réduction par deux du trafic sur les routes, la diminution du bruit moyen en découlant n’est que de 3 dB, et de 10 dB si on le réduit d’un facteur 10. Un environnement sonore significativement amélioré par le seul passage à l’électrique (ou toute autre technologie moins bruyante) ne semble donc s’envisager qu’à un horizon de quelques décennies au mieux, d’autant que, comme nous le montrons plus loin, un véhicule électrique n’est pas un véhicule totalement silencieux. Cependant, il est intéressant de faire cet exercice de prospective, car l’émergence de la flotte électrique  est un des moyens, parmi d’autres, d’amélioration de notre environnement sonore.

Un gain significatif en centre-ville

Le bruit émis par un flux de véhicules  dépend pour l’essentiel de sa vitesse moyenne, de la part de poids lourds qui le compose et du revêtement de chaussée. Les parts respectives du bruit de propulsion (moteur) et du bruit de roulement (pneumatiques) varient selon la vitesse, ce dernier prenant le pas assez tôt. Selon les données d’émission sonore introduites par le projet CNOSSOS-EU (méthodes communes d’évaluation du bruit dans l’UE), le bruit de roulement pour les véhicules légers (VL) devient dominant dès 30 km/h ; pour les poids lourds (PL) de moyen tonnage, c’est le bruit de propulsion qui est toujours dominant et pour les plus lourds, il l’est jusqu’à 70 km/h. La figure 1 illustre les gains en dB obtenus par le passage à l’électrique pour les différentes catégories de véhicules, en fonction de la vitesse.

Un calcul simple basé sur l’émission sonore des VL et PL permet de comparer les gains escomptés pour différentes configurations (tableau 1 où on considère une hypothèse optimiste de 100% de véhicules électriques et des parts variables entre VL et PL). Selon le secteur urbain, les gains acoustiques attendus seront différents. En bordure de voie rapide, le gain sera proche de 0 ; c’est en centre-ville que le gain sera le plus significatif, avec selon la part de PL considérée, entre 3 et 5 dB de gain en zone 30 et 1 à 2 dB pour une voie à 50 km/h. Précisons qu’il s’agit de gain apprécié sur un temps long, comme c’est le cas dans le cadre de la Cartographie stratégique du bruit par exemple. Evidemment, il eût été davantage profitable que le gain près  des voies rapides soit plus important puisque ce sont elles qui génèrent le maximum de nuisances, mais la limitation est celle introduite par le bruit de roulement qui est prépondérant au-delà d’une certaine vitesse.

Des résultats attendus dans plusieurs décennies

Se pose la question de l’appréciation de ces gains : seront-ils perceptibles, à quoi peut-on les comparer, cela vaut-il la peine de porter une politique publique sur ce thème ? Les réponses ne peuvent que comporter des nuances. Dans le cadre de la résorption des points noirs du bruit, il est attendu un gain d’au moins 5 dB par rapport à la situation initiale, considérant qu’en deçà, le rapport coût-bénéfices est insuffisant, mais il s’agit dans ce cas de coûts d’investissement généralement très élevés. Mais on peut penser que les riverains apprécieraient le gain acoustique correspondant à une division par deux ou trois du trafic actuel.

Enfin, la manière dont on apprécie ces évolutions acoustiques donne un éclairage différent ; si on observe ce qui se passe à l’échelle de l’événement sonore, les gains sont bien supérieurs à ce qu’on a montré jusqu’ici. Par exemple, un PL de moyen tonnage électrique à 30 km/h est 10 dB moins bruyant que son homologue à moteur thermique, ce qui change sensiblement la situation pour les riverains de centre-ville qui subissent le bruit des livraisons tôt le matin.

Notons que Toulouse Métropole (Haute Garonne) s’engage dans la réflexion, en examinant les perspectives sous l’angle du bruit mais aussi de la qualité de l’air. Une étude à venir précisera, par des calculs en hyper-centre et sur axes urbains, les améliorations attendues pour différentes hypothèses de transformation (par exemple 50% et 100% de véhicules électriques). La technologie du véhicule électrique est vertueuse sur le plan acoustique, c’est indéniable.

Pour autant, les gains qu’on peut en attendre sont variables selon le type de secteur urbain et ne sont significatifs que  dans une hypothèse d’adhésion massive des automobilistes ; avec une augmentation du nombre de véhicules au fil de l’eau, on ne peut espérer de résultats significatifs qu’à un horizon relativement lointain. A moins qu’une action publique forte ne dynamise le domaine (gratuité des recharges, développement du réseau de bornes, exclusivité d’accès, nouvelle limitation des vitesses, etc.).

Fabien Krajcarz, Gamba Acoustique

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