Le bruit urbain
Voici l’article numéro 17 sur 17 qui a été publié dans le magazine « Actu Environnement«
Chaque lundi, vous retrouverez un nouveau numéro qui sera diffusé sur le site.
Ces articles vous permettront de comprendre le travail des acousticiens.
Bien évidemment les membres de CINOV GIAC de notre région Languedoc Roussillon sont à votre disposition pour vous donner les solutions sur le terrain.
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Si vous le souhaitez vous pouvez lire ou relire l’article numéro 16
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Le bruit urbain est l’enjeu majeur de la qualité sonore d’une ville car celle-ci renforce le bien vivre ensemble et valorise tous les espaces privatifs extérieurs comme les coeurs d’ilot, les balcons ou les terrasses ou intérieurs à travers les bâtiments d’habitation, de travail, d’enseignement ou de santé. Pour aborder ce sujet, cela oblige d’avoir en amont une véritable réflexion sur la gestion sonore du territoire pour que chaque décision qui doit être prise au niveau de la ville, comme le plan de déplacement urbain, le choix de l’emplacement d’une grande salle de concert, la prise en compte des chantiers, la nature d’une zone d’activité…, soit en rapport avec cette gestion sonore. Cela demande également d’avoir une veille environnementale qui mesure en permanence les différents quartiers pour connaître les variations de niveau de bruit sur une même journée dans un même quartier ou entre différents arrondissements.
La plupart des réglementations « bruit » sont liées à l’acoustique des bâtiments ou des voies de circulation terrestres ou aériennes mais ne prennent pas en compte l’aménagement d’une place publique, la gestion des zones calmes ou l’aménagement d’un nouveau quartier. Toutefois, la réglementation demande à chaque ville ou communauté d’agglomération de plus de 100.000 habitants de faire tous les cinq ans un Plan de prévention de bruit dans l’environnement (PPBE) où ces questions doivent être abordées. C’est pour cela, que le choix d’un assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) en acoustique est primordial pour accompagner toute l’année les mairies dans la valorisation de leurs villes et de leurs activités. Il participe à la définition des objectifs raisonnables à obtenir et donne un panel de solutions qui peut être mis en oeuvre. Chaque ville devrait avoir un AMO Acoustique !
Pourquoi améliorer la qualité acoustique de l’espace public ?
Le bruit urbain est donc un enjeu sociétal qui conditionne le cadre de vie de tous les citoyens et se décide le plus en amont possible.
Le coût réglementaire du bruit important : Partant du constat que l’inaction coûte cher, soit 57 milliards d’euros de coût social du bruit en France chaque année ! Il est urgent d’agir notamment pour diminuer l’impact sur la santé de tous. Par exemple, limiter la propagation sonore des principales sources (transport) permet de réduire les coûts de construction pour tous les bâtiments, qu’ils fassent partie du projet lui-même ou bien qu’ils soient implantés dans le futur. C’est donc un investissement financier important direct qui pourrait être analysé de manière bien plus détaillée que ce qui est fait actuellement. On pourrait ainsi évaluer le gain financier correspondant à une réduction de quelques décibels dans une zone.
Zone calme / Zone animée, des notions à développer : Une zone calme en ville participe au bien être avec la notion de ressourcement tout en favorisant le lien social avec un parti d’aménagement favorable à l’accueil et présentant une forte attractivité. Il est pertinent de développer une culture des ambiances sonores à créer et valoriser avec des espaces de détente présentant des sonorités originales et des signatures sonores de l’espace à rechercher et non à constater par hasard après coup. Le bruit est une matière qui se façonne dans l’espace avec une dimension temporelle. Le ressenti d’une ambiance acoustique n’est pas seulement perçu en fonction du volume sonore, mais aussi en fonction de sources harmonieuses enrichissant l’environnement sonore tout en veillant à la qualité des ambiances visuelles.
Comment améliorer la qualité acoustique de l’espace public ?
Des principes urbanistiques forts : Comme le demande la directive européenne 2002/49/CE, actée en droit français suivant le décret n° 2006-361 du 24 mars 2006 relatif à l’établissement des cartes de bruit et des plans de prévention du bruit dans l’environnement et modifiant le code de l’urbanisme, il est impératif d’établir des cartes de bruit en trois dimensions et géo-référencées.
A partir de cette cartographie sonore, il est possible d’établir la structure même du projet urbain pilote d’après les grandes masses sonores suivantes :
- Plan de déplacement urbain,
- Cahier des charges des zones d’activités,
- Cahier des charges des lieux musicaux,
- Gestion des parcs publics,
- Référencement des zones calmes,
- Identification des principales sources sonores,
- Choix des programmes immobiliers et leur im plantation,
- Effets d’écrans – maîtrise des failles, topographie,
- Orientation des bâtiments en U…
L’intérêt des cartographies est bien de visualiser ces principaux phénomènes, mais il s’agit uniquement d’un outil qui doit être exploité avec tous les intervenants. Elles ont avant tout un rôle pédagogique visant à renforcer les échanges entre acousticiens, urbanistes et usagers. Elles doivent permettre de mieux organiser la ville.
Un traitement local réfléchi : L’acoustique urbaine ne s’arrête pas à la gestion des grandes masses sonores mais peut être déclinée de manière beaucoup plus fine afin de rendre l’espace public agréable. Il ne s’agit alors pas nécessairement de réduire le bruit que d’aborder les ambiances.
- Choix de revêtements moins « sonores » afin de maîtriser l’ambiance acoustique
- Privilégier les circulations douces ou les zones 30 afin de réduire le bruit et améliorer la qualité de l’air
- Réguler les flux pour limiter le bruit : créer des accès sélectifs
- Sensibiliser les habitants au bruit : signalétique et communication
- Masquage sonore urbain – fontaines et jeux d’eau
- Jouer sur la notion d’intérieur / extérieur pour créer des protections au bruit
- Transformer l’écran acoustique en espace urbain créatif
- Faire du bruit là où on peut !
Atelier Ville Durable : un travail collectif et continu
Les principes acoustiques présentés ci-avant n’ont aucun sens s’ils ne sont pas intégrés harmonieusement dans l’ensemble de la réflexion urbaine. C’est actuellement le point le plus délicat. Cette réflexion urbaine nécessite une présence d’acousticiens à toutes les phases du projet. Il s’agit de développer une mission de « veille acoustique » afin d’alerter le maître d’ouvrage de l’importance relative de l’acoustique selon les étapes du projet urbain car cela dure longtemps, identifier les étapes intéressantes pour faire les différentes cartes selon les évolutions et prises de décisions importantes.
L’équipe décisionnaire doit intégrer l’ensemble des problématiques pour multiplier les possibilités de richesse sonores à développer au sein de problématiques croisées. Un travail trop souvent uniquement visuel (cartes de bruit sans analyse) et uniquement acoustique est demandé par le maître d’ouvrage alors qu’une véritable synergie avec l’ensemble de l’équipe décisionnaire serait infiniment plus riche.
Des exemples de synergie, des acousticiens à l’écoute ! : Actuellement, il est possible de mettre en place une veille environnementale qui intègre la gestion des niveaux sonores en continu sur plusieurs années. Il faut prévoir au minimum cinq zones à surveiller.
Ces cinq zones sont :
- Les zones calmes,
- Les gares et aéroports,
- Les espaces festifs intégrant principalement des bars ou des discothèques,
- Les grands axes routiers,
- Les zones d’activités industrielles.
Afin que la prise en compte de l’acoustique soit mûrie et adaptée à chaque projet en tenant compte des contraintes des autres dimensions, Acoustique & Conseil a créé avec plusieurs entreprises de spécialistes en environnement urbain un groupe de travail et de réflexion qui aboutit aujourd’hui à la création d’un collectif particulièrement bien dimensionné pour aborder ces problématiques croisées.
L’Atelier Ville Durable (AVD) est un groupement parisien de TPE et PME françaises spécialisées dans les questions du développement durable, réunies pour échanger, mutualiser et valoriser leurs compétences pour mettre en oeuvre concrètement la ville durable, intelligente et citoyenne. Laboratoire opérationnel d’ingénierie durable, le groupement intervient en France et à l’étranger. Pour chaque projet, il mobilise ses entreprises les plus concernées en opérant transversalement chacune dans des champs complémentaires.
De la même façon, Acouphen a rejoint l’association Ville et Aménagement Durable (VAD) sur Lyon (Rhône), qui aspire à éveiller les consciences professionnelles pour l’aménagement durable basé sur un débat sociétal et prospectif. Il s’agit de faire progresser un mode de concevoir la ville et le bâtiment différemment en répondant à tous les enjeux du développement durable avec la qualité de l’environnement sonore qui s’inscrit bien dans le réservoir d’idées amplement mutualisé.
Une réponse globale de haut niveau : Ses objectifs sont les suivants :
- Regrouper des petites et moyennes entreprises pour leur permettre de valoriser ensemble leur travail et leurs expériences,
- Développer des réflexions et une ingénierie commune de la ville durable,
- Favoriser la connaissance mutuelle de ses membres et promouvoir leur complémentarité technique,
- Se positionner à l’étranger,
- Communiquer dans le cadre des actions de valorisation, que chaque petite structure ne peut assurer seule.
Tous les acteurs s’engagent à promouvoir et mettre en oeuvre le développement durable, valeur fondamentale à laquelle ils adhèrent, dans la construction de la ville à ses différentes composantes et échelles. L’urbaniste peut alors s’associer avec une équipe soudée… C’est pour les acousticiens une occasion unique d’échanger régulièrement entre spécialistes de disciplines différentes afin d’améliorer notre appréhension mutuelle des divers enjeux d’un projet urbain.
Didier Blanchard, Synacoustique, Denis Bozzetto, Acouphen et Eric Gaucher, Acoustique & Conseil