L’Indicateur Unique Acoustique ou comment qualifier simplement la qualité acoustique d’un lieu
Voici l’article numéro 16 sur 17 qui a été publié dans le magazine « Actu Environnement«
Chaque lundi, vous retrouverez un nouveau numéro qui sera diffusé sur le site.
Ces articles vous permettront de comprendre le travail des acousticiens.
Bien évidemment les membres de CINOV GIAC de notre région Languedoc Roussillon sont à votre disposition pour vous donner les solutions sur le terrain.
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Si vous le souhaitez vous pouvez lire ou relire l’article numéro 15
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Les réglementations et certifications acoustiques existantes ont pour vocation d’apporter un minimum d’assurance de confort pour l’utilisateur. Mais elles ne couvrent pas l’ensemble des espaces de vie, ni les bâtiments anciens et ne sont qu’un socle pour proposer des locaux « normalement utilisables ». Pour qualifier précisément la qualité acoustique d’un lieu, il manque un indicateur lisible, fiable et fidèle au ressenti des utilisateurs. Dès 2011, le GIAc, avec le concours technique et financier de l’Ademe, a répondu à une demande de l’association HQE pour définir un tel indicateur, en proposant une démarche originale basée sur la réflexion suivante : tout occupant d’un lieu est contraint d’adapter son comportement en fonction de son environnement sonore ; soit en tant que « récepteur », il accepte – plus ou moins bien – les bruits reçus, soit en tant qu' »émetteur », il s’efforce – plus ou moins – de limiter ses émissions sonores potentiellement gênantes pour ses voisins. Il va de soi que cette adaptation dépend fortement des qualités propres du local où se déroule l’activité (isolation, réverbération, propagation, etc). Plus les qualités du local seront faibles, plus l’adaptation sera difficile, voire incompatible avec la tenue de l’activité prévue dans le local. C’est ce que traduit l’échelle des valeurs de l’indicateur acoustique présentée dans la figure 1.
Figure 1 : Indicateur Unique Acoustique
Traduire le ressenti de l’occupant
L’Indicateur Unique Acoustique a pour fonction de traduire le ressenti de l’occupant d’un espace de vie, quel qu’il soit, par rapport à l’ambiance sonore qui l’environne, afin de pratiquer une activité – ou de se reposer – avec plus ou moins de confort. L’ambiance sonore d’un lieu est composée des bruits de l’activité pratiquée elle-même, mais également de l’ensemble des bruits des espaces voisins (activités, équipements techniques). Ces derniers constituent le bruit résiduel ou bruit de fond : quasi permanent, souvent fluctuant, il peut être plus ou moins bien accepté par l’occupant du local, selon la façon dont il interagit avec l’activité pratiquée, mais aussi en fonction de sa signature (contenu, nature, tonalité, etc).
Ainsi, un bruit de fond à bas niveau est compatible avec l’apprentissage de la lecture ou avec le sommeil, mais il deviendra plus perturbant à un niveau plus élevé, voire, rendra l’activité impossible. De même, un bruit de fond particulier (sifflements de ventilation, grondement d’un compresseur), présente un aspect tonal si désagréable qu’il en devient insupportable, même à faible niveau. Inversement, le bruit de fond très faible des logements modernes – généralement bien isolés vis-à-vis des bruits extérieurs – renforce la prégnance des bruits provenant des voisins ou des équipements. Il n’est pas rare de rencontrer des personnes insatisfaites du confort acoustique de leur logement neuf, pourtant conforme aux exigences réglementaires, parce qu’elles entendent davantage les pas de leurs voisins du dessus que lorsqu’elles habitaient dans leur ancien logement, plus perméable aux bruits extérieurs.
On le voit, la qualité acoustique d’un lieu et son adéquation avec l’activité qui s’y déroule sont liées à l’équilibre des différents bruits qui composent l’ambiance acoustique du local : les émergences constituées par différents évènements singuliers, répétés ou non, sont alors perçues comme des agressions auditives. D’autre part, la qualité acoustique interne de cet espace dépend aussi de la façon dont les sons se propagent et se réfléchissent à l’intérieur du local : un restaurant scolaire sera beaucoup plus bruyant s’il est réverbérant que si cette réverbération est réduite par la mise en oeuvre de matériaux absorbants.
Figure 2 : Contributions sonores évaluées par l’Indicateur
La recherche, non pas du silence, mais de l’équilibre des contributions sonores
L’Indicateur Unique Acoustique du GIAc est déterminé de manière à correspondre le plus justement possible au ressenti d’un individu placé dans un local pour y pratiquer une activité. Sa définition est relative au couple « local/activité », mais également à l’environnement sonore du bâtiment, donc du site, dans lequel il est implanté. Il ne peut être question de déterminer un tel indicateur simplement en fonction de données absolues – comme une simple échelle de valeurs d’isolement – mais bien d’analyser chaque situation en fonction de son environnement.
Ainsi, pour chaque couple « local/activité », une base de données présente :
- le bruit de fond optimal pour la pratique de l’activité,
- le bruit ambiant caractéristique de cette activité et de ses fluctuations dans le temps,
- la réverbération optimale du local.
Le local objet de la notation est analysé selon son environnement sonore : à chaque espace voisin est affectée une contribution sonore, fonction de l’activité qui s’y déroule et de l’atténuation entre cet espace et le local analysé. La notation peut être basée soit sur le calcul (projet en conception), soit sur des mesures (évaluation d’un bâtiment existant).
Pour chaque local étudié, elle comprend trois notes combinées :
- une note de « Bruit de fond »,
- une note d' »Emergences »,
- une note de « Réverbération ».
La première note est basée sur l’écart entre le bruit de fond régnant dans le local étudié et le bruit de fond optimal issu de la base de données. Un écart nul correspond à la note A, puis descend graduellement.
La deuxième note est évaluée en fonction des bruits émergents provenant :
- Des espaces extérieurs,
- Des espaces voisins du local,
- Des équipements techniques du bâtiment.
Les niveaux de bruits provenant de ces différentes contributions – atténuées selon les performances d’isolement du local ou de traitements des équipements – sont comparés au bruit de fond réel (mesuré ou calculé) régnant dans le local, pour déterminer les émergences résultantes. La note est définie en fonction de l’émergence la plus importante.
La troisième note est déterminée en fonction de l’écart entre un critère de qualité interne du local (réverbération, intelligibilité…) et le critère optimal défini dans la base de données. La note globale du local est la plus basse des trois notes. On obtient ainsi une qualification claire et précise de la qualité acoustique d’un lieu, représentative du ressenti de l’occupant, basé sur la recherche, non pas du silence, mais d’un équilibre des différents bruits perçus.
Olivier SERVONNAT, Acouphen et Thomas TOULEMONDE, Impédance Ingénierie